Le piège du « poker face »
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Osez-vous dire ce que vous ressentez ? Pensez-vous être bien entendu ? Êtes-vous respecté dans la différence ? Si vous répondez majoritairement « non », je vous invite à rester pour savoir les causes et comment s’en sortir de cette situation.
Occulter les émotions pour acheter l’intégration
70% de votre personnalité est dessinée pendant l’enfance. Nos parents sont nos référents. Et pourtant, quand vous avez entendu : « Tu serais gentil de ranger ta chambre ? » ou « tu serais gentil de nous ramener des beaux points de l’école ? », votre cerveau d’enfant a intégré : « Si tu ranges ta chambre, je t’aime », « Si tu nous ramènes des beaux points de l’école, je t’aime ».
Et alors qu’est-ce qui se passe si je ne veux pas ranger ma chambre parce que j’ai ma première peine de cœur et je voudrais pleurer un peu dans ma chambre. Qu’est-ce qui se passe si je ne ramène pas des beaux points de l’école, parce que je ne comprends rien en mathématiques. La réponse que vous avez eu était « c’est comme ça, tu n’as pas le choix. »
Et pourtant, vous avez mis vos émotions à côté pour acheter l’intégration familiale, puis l’intégration scolaire, sociale, et puis professionnelle, même souvent conjugale, au prix d’un mépris de soi-même.
Les pièges du poker face et comment s’en sortir
Le comportement encodé à l’enfance est conditionné par cinq pièges. Les connaître permet de prendre conscience de la façon dont ces pièges s’enclenchent, puis savoir s’en libérer.
1 .- Apprendre à faire au lieu d’apprendre à être
Vous avez beaucoup plus appris à faire (ranger la chambre, ramener des beaux points de l’école…) qu’à être en sorte que, devenu adulte, vous êtes souvent pris comme des petits hamsters dans le petit tambourin qui tourne à toute vitesse. Et finalement, c’est le tambourin qui vous fait courir à son rythme. En conséquence, vos préoccupations tournent vers faire au lieu d’être pour être ainsi reconnu et aimé. C’est une croyance. Mais, tenir avec ce rythme de faire, vous empêche de vous respecter vous-mêmes. Je vous invite à vous respecter dans votre rythme.
Comme principe, pour respecter les autres, vous devez commencer par vous respecter vous-même. Pourquoi ? Parce que vous allez souvent atteindre qu’ils fassent beaucoup de choses, qu’ils soient compétents, qu’ils atteignent des objectifs. Vous attendez, des hamster dans le tambourin. Vous pensez, donc, que les autres attendent de vous un hamster aussi. Vous avez appris à aimer les autres comme vous reverrez, pas comme ils sont.
2 .- La confiance en vous-même dépend du regard des autres au lieu de dépendre de votre propre regard
« Je suis content de moi parce que l’autre est content de moi. Mais si l’autre est en désaccord avec moi, je suis fragile et vulnérable. » « Si je fais ça, qu’est-ce qu’on va dire de moi ? » Souvent, vous allez dissimuler la vérité de ce qui se passe en nous pour, de nouveau, acheter une intégration.
Il est rare, donc, d’avoir vraiment mis la sécurité dans le cœur, en sorte que vous puissiez vous faire confiance.
Je fais ceci parce que ça me plaît, parce que c’est juste pour moi, même si ça déplaise aux autres.
Accepter que ce que c’est juste pour vous, ne va pas plaire tout le monde, et que ce n’est pas votre responsabilité la reconnaissance de tout l’univers autour de vous.
Il est rare de bien vivre les conflits. Souvent, on le vit comme très menaçant : « Si je rentre dans le conflit, est-ce qu’on va m’aimer ou je risque de casser le lien ? »
On peut être d’accord, qu’on n’est pas d’accord. Remarquez que ça nous fait, au moins, un point semblable. Acceptez donc la différence.
3 .- Accepter la différence de l’autre
Il est rare que dans notre enfance, nous ayons été invités à aller vers nous-mêmes, à devenir l’être spécifique, unique que nous sommes invités à être. En revanche, nous avons souvent entendu « il faut être comme la norme » Nous sommes rendus conformes à la norme la plupart du temps, pour de nouveau, correspondre aux attentes de nos parents, nos amies, etc. Donc, depuis longtemps vous avez renié votre différence, votre spontanéité, votre originalité. Quand l’ordre est menacé, quand il y a quelqu’un qui dérange, on lui demande de rentrer chez lui ou de se taire. Nous avons, très peu développé d’ouverture à la différence puisque nous ne nous sommes pas, nous-même, senti accueilli dans notre propre différence. La différence vécu comme une menace, au lieu d’ une source de complémentarité.
4 .- Dire non sans avoir peur de ne plus être aimé
Nous avons dit oui au patron toute la semaine, oui aux collègues, oui aux clients, oui aux conjoints. Oui, à notre belle-mère le weekend quand nous sommes trop fatigué, quand nous avons vraiment besoin de nous reposer. Mais nous ne sommes pas habitués à dire non, nous sommes habitués à être gentil, à dire oui, merci pour appartenir au groupe. Jusqu’à c’est trop.
Quelle est la conséquence ? Remarquez la mécanique, nous allons juger, « ils sont envahissants ». En vrai, je ne me suis pas donné la permission de dire non pour trouver ma place, pour satisfaire mes besoins. Mais si je ne le fais pas pour moi, en quoi est-ce que je sers les autres ?
5 .- Bien vivre les sentiments
Vivre les sentiments désagréables (la tristesse, la colère, le désarroi, l’impuissance, la solitude) est compliqué pour nous tous.
Souvent, on a entendu dans notre enfance, « Il ne faut pas vivre ça, être en colère ce n’est pas bien », « Il ne faut pas être triste ». Nous avons donc oublié tout ça dans un coin. Encore une fois, nous avons appris à respecter la norme et à acheter la paix. Il est rare dans notre enfance, de trouver quelqu’un qui nous aide à comprendre nos émotions désagréables. Il est rare d’aller voir ce que ces émotions montrent de moi, pour pouvoir changer quelque chose dans ma vie où lâcher ce que je ne veux plus.
En comme adultes, quand nous sommes en colère, nous n’avons pas l’habitude de se dire « je t’écoute, on va s’asseoir, on va discuter, je vais essayer de te comprendre ». La plupart du temps, nous nous sentons extrêmement menacés, « il ne va plus m’aimer, il ne va pas me reconnaître », « Le lien affectif sera cassé ». « Je vais être jeté hors de mon entreprise ».
En conséquence, souvent, soit nous réagissons en attaque à l’autre, soit nous fuyons. Il y a agression ou fuite. Il n’y a pas de rencontre.
L’être humain a besoin des moments de solitude, de désarroi, des moments de doute, des moments de révolte pour vivre une vie pleine. Évidemment, nous préférons la joie, le bien-être, la confiance. Mais, le la vie porte toutes sortes de circonstances dans lesquelles nous vivons aussi des émotions désagréables.
Éviter des émotions désagréables nous prend plus d’énergie qu’apprendre à mieux les vivre, pour devenir une meilleure version de nous-même.
Est-ce que vous vous reconnaissez dans ces 5 pièges ? Je vous prie de partager vos expériences dans les commentaires et profitez des recettes ici décrites pour vous en sortir.